Les images de projets urbains prennent forme sur des panneaux de chantier, des affiches publicitaires gigantesques, qui, physiquement clôturent l’espace, compartimentent la vue et flèchent les parcours. Elles organisent ainsi dans la ville les flux piétonniers, routiers, et visuels. Elles imposent à la vue un certain imaginaire, et restreignent l’accès à certains espaces, en particulier les chantiers des projets qu’elles annoncent.

 

En marquant ainsi le moment de suspension entre l’intention de réaliser un projet, et sa réalisation propre, les images de projets urbains forment aussi une frontière – temporaire -dans le temps. Parfois la réalisation ne survient jamais. Ou plus surprenant l’intention réelle ne porte pas sur la réalisation mais sur l’habillage de la ville. Comme une seconde peau qui s’éternise.

 

2004 – Soudan. Premier voyage et résidence hors de la sphère occidentale. C’est à cet instant que s’affirme mon désir de travailler avec le medium photographique comme avec un matériau dont les caractéristiques sont porteuses de sens.

 

L’Art et la photographie, ont toujours été pour moi une activité que j’exerce avec délectation et culpabilité en marge de mes activités réputées « sérieuses ». En 2007 je me suis expatrié au Sultanat d’Oman. J’ai fini par comprendre que je partais à la recherche d’une culture refoulée remarquant que mes grands-parents – séfarades d’Algérie mais de nationalité française – avaient un accent maghrébin. Avec Roman Stadnicki, un ami géographe, nous partons pour une mission de deux mois à la découverte des marges urbaines de la péninsule Arabique. Il étudie le terrain et j’ai carte blanche pour m’intéresser aux espaces parcourus. C’est ce dialogue qui a donné naissance à la série « l’épiderme de la ville ». Aujourd’hui, c’est le projet qui me tient le plus à cœur car il cristallise tous les éléments qui ont façonné mon parcours et qui m’interpellent.

 

ES :

La imágenes de los proyectos urbanos toman forma en paneles de construcción, carteles publicitarios gigantes que encierran físicamente el espacio, compartimentan la vista y marcan el rumbo. De esta manera organizan los flujos peatonales, viales y visuales en la ciudad. Imponen a la vista un cierto imaginario y restringen el acceso a ciertos espacios, especialmente a los sitios de los proyectos que anuncian.

 

Al marcar así el momento de suspensión entre la intención de realizar un proyecto y su propia realización, las imágenes de los proyectos urbanos forman también una frontera temporal en el tiempo. A veces la realización nunca ocurre. O, lo que es más sorprendente, la verdadera intención no es la realización, sino la ornamentación de la ciudad. Como una segunda piel que dura para siempre.

 

2004 – Sudán. Primer viaje y residencia artística fuera de la esfera occidental. En ese instante se afianza mi deseo de trabajar en el medio fotográfico con un material cuyas características son significativas.

 

El arte y la fotografía han sido siempre actividades que he ejercido con deleite y culpabilidad al margen de mis actividades consideradas “serias”. En 2007 me mudé al Sultanato de Omán. He acabado por comprender que iba en busca de una cultura reprimida y me di cuenta de que mis abuelos, sefardíes de Argelia pero de nacionalidad francesa, tenían un acento magrebí. Con Roman Stadnicki, un amigo geógrafo, partimos para una misión de dos meses para descubrir los márgenes urbanos de la Península Arábiga. Él estudia el campo y tengo carta blanca para interesarme en los espacios recorridos. Es este diálogo el que dio origen a la serie « L’epiderme de la ville ». Hoy, es el proyecto que está más cerca de mi corazón porque cristaliza todos los elementos que dieron forma a mi carrera y que me atraen.