Octobre 1938. Octobre 2015. La montagne. La mer. Léonor, 10 ans. Ailan, 3 ans. Espagne. Syrie. Exils. Léonor survit dans des camps. Ailan meurt noyé, photographié face contre sable. Au même moment ma fille atteint le même âge, face barbouillée de chocolat. D’Ailan, je ne sais rien, sinon son statut d’icône et la souffrance projetée de perdre ainsi un enfant qui aurait pu être le mien. Mais de Léonor, l’arrière-grand-mère de mes enfants, je peux vous parler. Et aussi de mon grand-père parti d’Italie, de nous en Europe hier et aujourd’hui, de l’air du temps, de vagues et de mouvements, de cet héritage qui finira par peser sur les épaules des enfants, et qui cristallise mes inquiétudes de mère. Comme beaucoup, je cherche un futur, scrute mon horizon. Je trouve un exutoire dans la photographie, doublé d’un acte de survie.