24 clichés se succèdent les uns aux autres à la manière de différents moments d’une journée, chacun consacré à une action particulière. Ces clichés ont été recueillis dans le Sud de l’Espagne, dans la région d’Almeria, où s’étend «El mare del plastico», mer de plastique formée par 17 000 hectares de cultures sous serres et dont le développement spectaculaire repose, entre autres, sur la surexploitation de la main d’oeuvre immigrée. Reléguée à l’extérieur des villes, marginalisée, cette population n’a souvent de possibilité d’intégration et d’inscription sur le territoire que dans l’espoir qu’elle projette d’un mode de vie occidental. La force d’une projection semble en effet ce qui leur permet de tenir. C’est pourquoi la question du cinéma (le cinéma est selon Godard «ce qui projette en grand» l’Histoire, les histoires) et en l’occurrence l’iconographie du western se constituent ici comme matériau de la vidéo : espaces désertiques, idée d’une frontière constamment reportée (pionnier), bande son d’Enio Morricone ralentie à l’extrême. Les clichés (en noir et blanc) se constituent d’incrustations vidéo (couleur) dans des photographies comme si les unes venaient prolonger les autres, rendant – grâce à leur temporalité-, ces espaces momentanément «habitables».