Par le biais de vidéos et de photographies Patrick Zachmann, membre de Magnum Photos, confronte sa propre histoire familiale à celles des migrants d’aujourd’hui. Il aborde en particulier leur rapport à la mer qu’ils traversent et à la mère qu’ils quittent.

Ce projet a un caractère d’évidence. Patrick Zachmann devait revenir et revoir sa Méditerranée. C’est ici que sa famille a vécu, c’est ici qu’il a découvert les contradictions du monde. L’exposition du MuCEM se révèle comme une occasion exceptionnelle. L’occasion de confronter le travail de photographe à la biographie familiale. Par un concours de circonstances, une ruse de l’histoire, la Méditerranée s’est enflammée au moment où le passé resurgissait. Ce journal met en perspective divers moments, de l’Histoire aux moments plus intimes.

« Il s’agit d’un voyage, un voyage de mémoire et un voyage d’exils. C’est aussi un voyage intérieur. La voix qui porte ce voyage est celle de mon journal de bord. C’est elle qui va tisser le fil de toutes ces destinées que je croise, des migrants quittant leur pays de la rive sud de la Méditerranée, fuyant le chômage, la dictature, l’absence d’avenir, des femmes, des mères, qui les laissent partir ou découvrent qu’ils sont partis, et moi, à la recherche des racines de ma mère, celles qu’elle a voulu oublier. »

Le récit s’élabore autour de cette relation entre mère et fils, homme et femme. Au-delà de ses voyages en Tunisie, en Algérie, en Grèce ou à Malte, Patrick Zachmann n’oublie pas d’évoquer Marseille comme lieu central, aboutissement de toutes les migrations, point d’apaisement et tension.

L’exposition se concentre autour d’un film projetée en triptyque. Sur les trois écrans se succéderont, grâce à un montage original et captivant, des moments familiaux et intimes, des témoignages de migrants et de leurs proches, des séquences mêlant le doute et l’espoir. En parallèle, un mur de photographies retrace cette enquête poignante confrontant ainsi dans le même espace le caractère vivant de l’image animée à la puissance de l’image fixe.

Photographe français né en 1955, il vit à Paris.

Il se consacre à des reportages au long cours, qui mettent au jour la complexité des communautés dont il questionne l’identité et la culture.

Patrick Zachmann se lance en 1976, après un stage avec Guy Le Querrec lors des Rencontres d’Arles, dans une carrière de photographe indépendant. Il réalise de nombreux reportages pour la presse française et internationale, s’intéressant aux questions liées à l’identité, à la mémoire et à l’immigration, que ce soit dans le cadre de ses recherches personnelles ou de commandes. Il réalise ainsi de nombreux travaux sur l’immigration à travers le monde : l’insertion des jeunes immigrés dans les quartiers nord de Marseille, la diaspora chinoise ou encore l’émigration malienne.

En 1982, il s’intéresse à la mafia napolitaine et publie l’année suivante son premier livre, Madonna!, aux éditions des Cahiers du cinéma. En 1987, il publie aux éditions Contrejour Enquête d’identité, fruit d’un projet de sept ans sur l’identité juive, faisant directement référence à ses propres origines.

En 1985, il intègre l’agence Magnum dont il devient membre à part entière en 1990.

En 1989, son reportage sur les événements de la place Tiananmen à Pékin marque le début d’une vaste étude sur la diaspora chinoise à travers le monde qui durera huit ans, publiée en 1995 sous le titre W. ou l’œil d’un long-nez chez Marval.

En novembre 2014, à la Galerie Magnum, lors du Mois de la Photo à Paris, puis en mars 2015, au musée Nicéphore-Niépce, à Chalon-sur-Saône, Patrick Zachmann présente, le résultat d’un travail de deux ans sur les migrants sur les deux rives de la Méditerranée, dans une exposition intitulée Mare Mater1.

Le 13 novembre 2015, lors des attentats de Paris, il filme un échange de tir entre les terroristes et les forces de l’ordre.

En avril 2016 les éditions Xavier Barral publient So Long, China2, un ouvrage rassemblant près de 350 photographies noir et blanc et couleur, fruit d’un travail au long cours réalisé lors des nombreux séjours effectués depuis 1982 dans un pays en pleine mutation, dans lequel Patrick Zachmann s’attache en premier lieu à la question de l’identité. Ce livre est récompensé par l’attribution du prix Nadar  2016.