« Pendant des années j’ai erré autour d’Israël sans jamais y entrer car je me méfie des terres promises. J’imaginais un pays enfermé, enroulé sur lui-même, une cage argentée séparée du dehors par les pays à mosquée que j’aimais. Je regardais Israël de loin, depuis la Syrie, la Jordanie, l’Egypte ; J’étais attirée à reculons par ce pays hautain encerclé par l’hostilité. Pourtant mes grands-parents, familles juives d’Odessa et Istanbul, étaient revenus comme habités d’un pèlerinage à Jérusalem et même s’ils semblaient y avoir trouvé quelque chose, moi je ne savais toujours pas quoi y aller chercher. Mais avec le temps les barrières se sont affaissées et un jour je me suis retrouvée seule en Israël. Engourdie par une mélancolie lente, j’ai écumé Tel Aviv au cours de marches monacales. Dans les vieux quartiers des communautés russes, yéménites et africaines, je rasais les murs, ces étendards vociférants questionnant cette identité israélienne décousue.  »

 

Tel Aviv est une ville bipolaire à la poésie âpre et sans fard, et ses murs aux univers pénitentiaire trompent l’œil ou l’esprit. Ici comme partout les murs séparent, mais ils semblent être les seuls à porter une parole libre.

 

Grande voyageuse de lieux atypiques, elle a d’abord travaillé pour la presse magazine parisienne depuis 1992 et a développé son travail d’auteur en réalisant des expositions présentées en France et dans le monde et en publiant des livres. Elle partage sa passion en animant des stages photos chez elle dans la Drôme, ainsi que dans les écoles ou les institutions. Ses séries photographiques sont accompagnées des textes de Nicolas Joriot.

 

ES :

“Durante años deambulaba alrededor de Israel sin entrar nunca porque desconfiaba de la tierra prometida. Imaginaba un país encerrado, encogido sobre si mismo, una jaula de plata separada del exterior por los países con mezquitas que tanto amaba. Miraba Israel desde lejos, desde Siria, Jordania, Egipto. Me sentía atraída por este país altivo rodeado de hostilidad. Sin embargo mis abuelos, familias judías de Odesa y Estambul, habían regresado como si estuvieran en una peregrinación a Jerusalén y aunque parecían haber encontrado algo, yo todavía no sabía qué buscar. Pero con el tiempo las barreras se hundieron y un día me encontré sola en Israel. Entusiasmada por una lenta melancolía, recorrí Tel Aviv durante las marchas monásticas. En los antiguos barrios de las comunidades rusas, yemeníes y africanas, palpaba esos muros vociferantes cuestionando esa identidad israelí desarraigada”.

 

Tel Aviv es una ciudad bipolar con una poesía amarga y sin adornos , y sus muros universales de prisión engañan al ojo o a la mente. Aquí como en todas partes las paredes se separan, pero parecen ser las únicas que tienen libertad de palabra.

 

Gran viajera de lugares atípicos, trabajó por primera vez para la revista parisina desde 1992 y ha desarrollado su trabajo como autora organizando exposiciones en Francia y alrededor del mundo y publicando libros. Comparte su pasión organizando talleres en su casa en Drôme, así como colegios o instituciones. Sus series fotográficas están acompañadas por los textos de Nicolas Joriot.