L’exposition Les Traversées d’Aglaé Bory, nous emmène en mer Méditerranée, dont les paysages propices à la contemplation portent aussi la trace de récits d’existence et de tragédies humaines. En mettant en perspective deux séries de portraits photographiés en couleur, deux histoires se dessinent autour du sujet de l’exil et des frontières. Dans la première, Les Mers Intérieures, des hommes et des femmes saisis souvent de dos, face à la mer semblent surpris dans une conversation intime dont nous ne saurons rien. Volontairement laissées hors champ, leurs visages tournés vers l’horizon ne nous dévoilent que peu d’indices sur eux-mêmes et sur leur situation géographique quelque part entre Orient et Occident. Pourtant, nous nous reconnaissons dans ce tact universel, et à notre tour comme eux, pouvons prendre notre temps et plonger notre regard au loin ; En parallèle, la série Les Invisibles, donne un visage à ceux qu’on appelle « les migrants ». Venus du Moyen-Orient, ils ont traversé la Méditerranée pour rejoindre l’Europe et les rives de l’Angleterre. Aglaé Bory, est allée à leur rencontre dans la « jungle“de Calais et tente par son approche de faire exister ces hommes et ces femmes aux yeux de ceux qui ne les voient plus. Tout en sobriété, le résultat est fort d’humanité et de délicatesse. En juxtaposant ces deux récits photographiques, Les Traversées, livre un portrait de notre époque contemporaine, en réaffirmant le rôle primordial de la photographie pour donner du sens et nous inciter à réagir.